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Le libre-échange avec la Chine serait gagnant pour le Canada : sénateur Massicotte

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La décision par le Canada d’annuler la vente d’Aecon à une entreprise chinoise marque‑t‑elle la fin de nos aspirations de libre-échange avec la Chine?

Alors que le scénario tant redouté d’une guerre commerciale avec les États-Unis – le plus important partenaire commercial du Canada – devient réalité, un accord de libre-échange avec la Chine est vital pour la prospérité économique future du Canada.

Nous ne devons pas laisser le goût amer de la récente décision du Canada de bloquer la vente de l’entreprise de construction Aecon à des intérêts chinois entacher nos relations avec la Chine. Le moment est propice.

La Chine est en transition vers une économie davantage basée sur la consommation, et les discussions exploratoires qui ont débuté à l’automne 2016 entre les deux pays sont à un point critique. Nous devons agir maintenant et engager des négociations officielles afin qu’un accord puisse être signé d’ici trois ans.

La Chine est la deuxième puissance économique mondiale et déjà le deuxième partenaire commercial du Canada. Avec son marché de 1,4 milliard de consommateurs, sa classe moyenne en plein essor et son urbanisation rapide, la Chine représente des débouchés considérables pour les entreprises canadiennes.

Il y a beaucoup de place pour que le Canada accroisse le volume de ses échanges commerciaux avec la Chine; notre part de la valeur du commerce international chinois n’est que de 2 % et notre déficit commercial avec la Chine dépasse les 43 milliards de dollars. Un accord de libre-échange avec la Chine pourrait augmenter les exportations canadiennes de 7,7 milliards de dollars et le PIB canadien de 7,8 milliards de dollars d’ici 2030, ce qui contribuerait à créer 25 000 nouveaux emplois.

Il permettrait aussi au Canada d’accroître ses exportations dans des secteurs clés toujours extrêmement dépendants du marché américain tels que les industries minière, de l’énergie, agricole, manufacturière et des technologies.

Enfin, un accord de libre-échange avec la Chine serait évidemment avantageux pour les industries et les consommateurs canadiens, qui paieraient des prix moins élevés pour des produits et des services importés.

Et les avantages pour la Chine?

La Chine s’intéresse au Canada pour ses produits agroalimentaires de haute qualité et ses ressources naturelles, notamment son uranium, dont elle a besoin pour son programme de construction de centrales nucléaires.

Elle convoite aussi à nos technologies d’énergie propre et nos services, notamment dans les secteurs du tourisme, du transport, de la finance, des services commerciaux, de l’ingénierie, de l’informatique, de la médecine, de la culture et de l’éducation. Avec sa communauté sino-canadienne de 1,3 million de personnes, le Canada est particulièrement bien placé pour fournir des services aux consommateurs chinois.

Il existe des signes prometteurs d’une volonté de négociation de la Chine.

En avril 2018, au Forum de Boao pour l’Asie, le président chinois Xi Jinping a promis une « nouvelle phase » d’ouverture de l’économie chinoise, notamment une baisse des tarifs douaniers pour les importations d’automobiles, davantage d’ouverture des entreprises chinoises aux investisseurs étrangers et un assouplissement des restrictions à la présence de capitaux étrangers dans les industries automobile, aéronautique et de construction navale de la Chine.

Cela laisse entrevoir pour les entreprises canadiennes des possibilités très intéressantes d’investissements directs en Chine ainsi que des percées sur ses marchés publics colossaux.

S’il ne fait aucun doute qu’il est dans l’intérêt supérieur du Canada de s’engager dans des négociations d’un accord de libre-échange avec la Chine, cela devra se faire avec beaucoup de pragmatisme, de prudence et de lucidité de même que dans un cadre juridique et politique adéquatement élaboré.

Le plus grand défi sera d’établir une véritable réciprocité commerciale avec un pays où la règle de droit n’est pas toujours respectée et le rapport de force est déséquilibré.

Malgré les promesses de libéralisation, l’interventionnisme d’État en Chine empêche encore une concurrence saine et équitable entre les entreprises canadiennes et chinoises. Un accord de libre-échange ne fera pas non plus disparaître d’un coup de baguette magique les pratiques commerciales déloyales, telles que le dumping, les violations de la propriété intellectuelle, le transfert de technologie obligatoire et le cyberespionnage.

Comme pour l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, le gouvernement devra prévoir des mesures d’accompagnement pour les secteurs de l’industrie canadienne susceptibles d’être déstabilisés par la concurrence chinoise.

Un excellent mécanisme de règlement des différends sera aussi nécessaire, ainsi que le maintien de relations politiques cordiales et continues entre les dirigeants des deux pays.

Même si les discussions exploratoires entre le premier ministre Justin Trudeau et son homologue chinois à Pékin en décembre dernier (sans compter l’épisode de l’échec de la transaction d’Aecon) laissent présager des négociations ardues, le Canada doit profiter de cet élan pour s’engager activement dans la transformation économique de la Chine et en faire bénéficier ses entreprises et ses consommateurs.

De manière collatérale, l’interconnexion accrue entre les deux pays devrait aussi favoriser la participation des Chinois au développement du système de marché, un élément fondamental pour le progrès politique de la Chine.

Les deux pays ont tout à gagner d’un accord de libre-échange équitable.

Le sénateur Paul J. Massicotte est membre du Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international. Il représente la division sénatoriale de De Lanaudière au Québec.

Cet article a été publié le 13 juin 2018 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).

La décision par le Canada d’annuler la vente d’Aecon à une entreprise chinoise marque‑t‑elle la fin de nos aspirations de libre-échange avec la Chine?

Alors que le scénario tant redouté d’une guerre commerciale avec les États-Unis – le plus important partenaire commercial du Canada – devient réalité, un accord de libre-échange avec la Chine est vital pour la prospérité économique future du Canada.

Nous ne devons pas laisser le goût amer de la récente décision du Canada de bloquer la vente de l’entreprise de construction Aecon à des intérêts chinois entacher nos relations avec la Chine. Le moment est propice.

La Chine est en transition vers une économie davantage basée sur la consommation, et les discussions exploratoires qui ont débuté à l’automne 2016 entre les deux pays sont à un point critique. Nous devons agir maintenant et engager des négociations officielles afin qu’un accord puisse être signé d’ici trois ans.

La Chine est la deuxième puissance économique mondiale et déjà le deuxième partenaire commercial du Canada. Avec son marché de 1,4 milliard de consommateurs, sa classe moyenne en plein essor et son urbanisation rapide, la Chine représente des débouchés considérables pour les entreprises canadiennes.

Il y a beaucoup de place pour que le Canada accroisse le volume de ses échanges commerciaux avec la Chine; notre part de la valeur du commerce international chinois n’est que de 2 % et notre déficit commercial avec la Chine dépasse les 43 milliards de dollars. Un accord de libre-échange avec la Chine pourrait augmenter les exportations canadiennes de 7,7 milliards de dollars et le PIB canadien de 7,8 milliards de dollars d’ici 2030, ce qui contribuerait à créer 25 000 nouveaux emplois.

Il permettrait aussi au Canada d’accroître ses exportations dans des secteurs clés toujours extrêmement dépendants du marché américain tels que les industries minière, de l’énergie, agricole, manufacturière et des technologies.

Enfin, un accord de libre-échange avec la Chine serait évidemment avantageux pour les industries et les consommateurs canadiens, qui paieraient des prix moins élevés pour des produits et des services importés.

Et les avantages pour la Chine?

La Chine s’intéresse au Canada pour ses produits agroalimentaires de haute qualité et ses ressources naturelles, notamment son uranium, dont elle a besoin pour son programme de construction de centrales nucléaires.

Elle convoite aussi à nos technologies d’énergie propre et nos services, notamment dans les secteurs du tourisme, du transport, de la finance, des services commerciaux, de l’ingénierie, de l’informatique, de la médecine, de la culture et de l’éducation. Avec sa communauté sino-canadienne de 1,3 million de personnes, le Canada est particulièrement bien placé pour fournir des services aux consommateurs chinois.

Il existe des signes prometteurs d’une volonté de négociation de la Chine.

En avril 2018, au Forum de Boao pour l’Asie, le président chinois Xi Jinping a promis une « nouvelle phase » d’ouverture de l’économie chinoise, notamment une baisse des tarifs douaniers pour les importations d’automobiles, davantage d’ouverture des entreprises chinoises aux investisseurs étrangers et un assouplissement des restrictions à la présence de capitaux étrangers dans les industries automobile, aéronautique et de construction navale de la Chine.

Cela laisse entrevoir pour les entreprises canadiennes des possibilités très intéressantes d’investissements directs en Chine ainsi que des percées sur ses marchés publics colossaux.

S’il ne fait aucun doute qu’il est dans l’intérêt supérieur du Canada de s’engager dans des négociations d’un accord de libre-échange avec la Chine, cela devra se faire avec beaucoup de pragmatisme, de prudence et de lucidité de même que dans un cadre juridique et politique adéquatement élaboré.

Le plus grand défi sera d’établir une véritable réciprocité commerciale avec un pays où la règle de droit n’est pas toujours respectée et le rapport de force est déséquilibré.

Malgré les promesses de libéralisation, l’interventionnisme d’État en Chine empêche encore une concurrence saine et équitable entre les entreprises canadiennes et chinoises. Un accord de libre-échange ne fera pas non plus disparaître d’un coup de baguette magique les pratiques commerciales déloyales, telles que le dumping, les violations de la propriété intellectuelle, le transfert de technologie obligatoire et le cyberespionnage.

Comme pour l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, le gouvernement devra prévoir des mesures d’accompagnement pour les secteurs de l’industrie canadienne susceptibles d’être déstabilisés par la concurrence chinoise.

Un excellent mécanisme de règlement des différends sera aussi nécessaire, ainsi que le maintien de relations politiques cordiales et continues entre les dirigeants des deux pays.

Même si les discussions exploratoires entre le premier ministre Justin Trudeau et son homologue chinois à Pékin en décembre dernier (sans compter l’épisode de l’échec de la transaction d’Aecon) laissent présager des négociations ardues, le Canada doit profiter de cet élan pour s’engager activement dans la transformation économique de la Chine et en faire bénéficier ses entreprises et ses consommateurs.

De manière collatérale, l’interconnexion accrue entre les deux pays devrait aussi favoriser la participation des Chinois au développement du système de marché, un élément fondamental pour le progrès politique de la Chine.

Les deux pays ont tout à gagner d’un accord de libre-échange équitable.

Le sénateur Paul J. Massicotte est membre du Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international. Il représente la division sénatoriale de De Lanaudière au Québec.

Cet article a été publié le 13 juin 2018 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).

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