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Le Canada doit oser aider les « DREAMers » : Sénatrice Omidvar

En février, Irene Bloemraad et moi avons écrit un article pour le Globe and Mail au sujet du rôle que le Canada devrait jouer dans l’éventualité où l’administration Trump décidait de déporter de force la population sans-papiers des États-Unis. Au moment de sa publication, l’article n’a pas suscité beaucoup de réactions. De nombreuses personnes comprenaient la triste dynamique entre ces migrants et l’État, mais peu de gens pouvaient s’imaginer qu’on allait ainsi éliminer la protection de centaines de milliers de personnes, et encore moins comment le Canada pouvait répondre à une telle éventualité.

Mardi, toutefois, cette éventualité est devenue réalité. La Maison-Blanche a annoncé officiellement l’élimination progressive du programme d’action différée pour les enfants arrivants, le Deferred Action for Childhood Arrivals ou DACA au cours des deux prochaines années. Le permis de travail de 800 000 jeunes sans-papiers ne sera pas renouvelé et leur protection contre la déportation pourrait être éliminée dans six mois. Il est probable que certains d’entre eux se tournent vers le Canada.

La réponse du Canada ne peut être naïvement idéaliste et elle ne doit pas non plus être alimentée par le cynisme. Nous ne pouvons pas accueillir chacun de ceux qu’on appelle les « DREAMers », mais nous ne devons pas non plus refuser catégoriquement leur entrée au Canada.

Le Canada a des volets bien établis en matière d’immigration où chaque demande est évaluée en fonction de son mérite. Le volet économique se prêterait particulièrement bien à cette cohorte. Ces gens ont un anglais impeccable et, grâce au programme DACA, plusieurs d’entre eux ont un diplôme universitaire ou collégial, ou sont en voie de l’obtenir. Les bénéficiaires du programme DACA sont des gens relativement jeunes qui ont des compétences et de l’expérience de travail en Amérique du Nord, ce dont le Canada a besoin.

Certaines personnes voudront passer par d’autres volets de l’immigration (comme nos programmes de réunification des familles s’ils ont de la famille au Canada, ou le volet d’immigration pour des motifs d’ordre humanitaire). Dans chaque cas, le ministre a le pouvoir d’exempter les demandeurs de certaines exigences (comme la résidence légale dans le dernier pays de résidence). Ces exigences pourraient empêcher certains candidats de respecter les critères associés à leur demande, surtout si le statut en vertu du programme DACA expire et qu’ils n’ont plus de statut légal aux États-Unis.

Toutefois, les gouvernements ne sont pas les seuls à pouvoir relever ce défi. Bon nombre des « DREAMers » ont présentement un emploi aux États-Unis. Au moins 250 d’entre eux travaillent pour Apple. Déjà, plusieurs dirigeants d’entreprises, y compris le directeur général de Facebook, Mark Zuckerberg, se sont montrés inquiets des conséquences de la décision de l’administration Trump sur leur personnel. Ces dirigeants pourraient faire preuve de leadership et travailler avec les gouvernements fédéral et provinciaux pour réinstaller leurs employés qui bénéficient du programme DACA dans leurs bureaux canadiens à titre de résidents autorisés et de contribuables.

Les universités et collèges communautaires canadiens pourraient également aider les étudiants de l’autre côté de la frontière qui travaillent en vue de compléter leurs études. Bon nombre des étudiants sans-papiers pourraient poursuivre leurs études postsecondaires dans des établissements d’enseignement au Canada, mais risquent d’avoir de la difficulté à payer les droits de scolarité internationaux. Les universités peuvent s’inspirer de certains modèles pour aider ces étudiants, comme le partenariat d’aide entre les jeunes d’Entraide universitaire mondiale du Canada.

Les citoyens ordinaires ont aussi un rôle à jouer. J’ai déjà reçu des courriels de personnes qui souhaitent créer une organisation Canadiens amis des « DREAMers » pour aider ces individus à se retrouver dans le système d’immigration canadien. Bien que j’estime que leurs besoins en matière de réinstallation seront beaucoup plus simples que ceux d’autres cohortes, je crois également que nous devons travailler pour établir leur confiance à l’égard du gouvernement et des institutions du Canada, et les mieux placés pour le faire sont les Canadiens eux-mêmes.

Enfin, le gouvernement fédéral doit songer à se préparer à de telles situations. Il ne serait pas nécessaire de créer un nouveau volet d’immigration pour mettre en place une initiative canadienne afin d’accueillir les bénéficiaires du programme DACA déplacés. Il faudrait simplement que le ministre de l’Immigration fasse preuve de flexibilité à l’égard des demandeurs sans-papiers, au cas par cas, ce qui est tout à fait possible dans notre système d’immigration. À l’heure actuelle, notre système est alimenté par des cibles annuelles qui restreignent à la fois la planification à court terme et la planification à long terme. En établissant les cibles sur une période de trois ans, le Canada aurait une plus grande flexibilité et pourrait répondre rapidement, avec compassion et de manière éclairée aux situations urgentes.

La sénatrice Ratna Omidvar représente la province de l’Ontario. Elle est membre du Comité sénatorial des droits de la personne et du Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles.

Cet article est paru dans l’édition du 7 septembre 2017 du Globe and Mail (en anglais seulement).

En février, Irene Bloemraad et moi avons écrit un article pour le Globe and Mail au sujet du rôle que le Canada devrait jouer dans l’éventualité où l’administration Trump décidait de déporter de force la population sans-papiers des États-Unis. Au moment de sa publication, l’article n’a pas suscité beaucoup de réactions. De nombreuses personnes comprenaient la triste dynamique entre ces migrants et l’État, mais peu de gens pouvaient s’imaginer qu’on allait ainsi éliminer la protection de centaines de milliers de personnes, et encore moins comment le Canada pouvait répondre à une telle éventualité.

Mardi, toutefois, cette éventualité est devenue réalité. La Maison-Blanche a annoncé officiellement l’élimination progressive du programme d’action différée pour les enfants arrivants, le Deferred Action for Childhood Arrivals ou DACA au cours des deux prochaines années. Le permis de travail de 800 000 jeunes sans-papiers ne sera pas renouvelé et leur protection contre la déportation pourrait être éliminée dans six mois. Il est probable que certains d’entre eux se tournent vers le Canada.

La réponse du Canada ne peut être naïvement idéaliste et elle ne doit pas non plus être alimentée par le cynisme. Nous ne pouvons pas accueillir chacun de ceux qu’on appelle les « DREAMers », mais nous ne devons pas non plus refuser catégoriquement leur entrée au Canada.

Le Canada a des volets bien établis en matière d’immigration où chaque demande est évaluée en fonction de son mérite. Le volet économique se prêterait particulièrement bien à cette cohorte. Ces gens ont un anglais impeccable et, grâce au programme DACA, plusieurs d’entre eux ont un diplôme universitaire ou collégial, ou sont en voie de l’obtenir. Les bénéficiaires du programme DACA sont des gens relativement jeunes qui ont des compétences et de l’expérience de travail en Amérique du Nord, ce dont le Canada a besoin.

Certaines personnes voudront passer par d’autres volets de l’immigration (comme nos programmes de réunification des familles s’ils ont de la famille au Canada, ou le volet d’immigration pour des motifs d’ordre humanitaire). Dans chaque cas, le ministre a le pouvoir d’exempter les demandeurs de certaines exigences (comme la résidence légale dans le dernier pays de résidence). Ces exigences pourraient empêcher certains candidats de respecter les critères associés à leur demande, surtout si le statut en vertu du programme DACA expire et qu’ils n’ont plus de statut légal aux États-Unis.

Toutefois, les gouvernements ne sont pas les seuls à pouvoir relever ce défi. Bon nombre des « DREAMers » ont présentement un emploi aux États-Unis. Au moins 250 d’entre eux travaillent pour Apple. Déjà, plusieurs dirigeants d’entreprises, y compris le directeur général de Facebook, Mark Zuckerberg, se sont montrés inquiets des conséquences de la décision de l’administration Trump sur leur personnel. Ces dirigeants pourraient faire preuve de leadership et travailler avec les gouvernements fédéral et provinciaux pour réinstaller leurs employés qui bénéficient du programme DACA dans leurs bureaux canadiens à titre de résidents autorisés et de contribuables.

Les universités et collèges communautaires canadiens pourraient également aider les étudiants de l’autre côté de la frontière qui travaillent en vue de compléter leurs études. Bon nombre des étudiants sans-papiers pourraient poursuivre leurs études postsecondaires dans des établissements d’enseignement au Canada, mais risquent d’avoir de la difficulté à payer les droits de scolarité internationaux. Les universités peuvent s’inspirer de certains modèles pour aider ces étudiants, comme le partenariat d’aide entre les jeunes d’Entraide universitaire mondiale du Canada.

Les citoyens ordinaires ont aussi un rôle à jouer. J’ai déjà reçu des courriels de personnes qui souhaitent créer une organisation Canadiens amis des « DREAMers » pour aider ces individus à se retrouver dans le système d’immigration canadien. Bien que j’estime que leurs besoins en matière de réinstallation seront beaucoup plus simples que ceux d’autres cohortes, je crois également que nous devons travailler pour établir leur confiance à l’égard du gouvernement et des institutions du Canada, et les mieux placés pour le faire sont les Canadiens eux-mêmes.

Enfin, le gouvernement fédéral doit songer à se préparer à de telles situations. Il ne serait pas nécessaire de créer un nouveau volet d’immigration pour mettre en place une initiative canadienne afin d’accueillir les bénéficiaires du programme DACA déplacés. Il faudrait simplement que le ministre de l’Immigration fasse preuve de flexibilité à l’égard des demandeurs sans-papiers, au cas par cas, ce qui est tout à fait possible dans notre système d’immigration. À l’heure actuelle, notre système est alimenté par des cibles annuelles qui restreignent à la fois la planification à court terme et la planification à long terme. En établissant les cibles sur une période de trois ans, le Canada aurait une plus grande flexibilité et pourrait répondre rapidement, avec compassion et de manière éclairée aux situations urgentes.

La sénatrice Ratna Omidvar représente la province de l’Ontario. Elle est membre du Comité sénatorial des droits de la personne et du Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles.

Cet article est paru dans l’édition du 7 septembre 2017 du Globe and Mail (en anglais seulement).

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