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Une restauration royale du bâton noir

En tant que pays, le Canada est jeune, mais son Parlement est en fait l’une des plus anciennes chambres législatives au monde dont les activités sont demeurées continues. Cette ancienneté est accompagnée de traditions.

Place à l’huissier du bâton noir — un des plus hauts fonctionnaires du Parlement et un des hauts fonctionnaires du Sénat admis sur le parquet. L’huissier actuel, J. Greg Peters, M.V.O., est la 16e personne à occuper le poste depuis la Confédération en 1867. En fait, l’huissier du bâton noir exerce la troisième fonction officielle sans discontinuité la plus ancienne au Canada, après la Couronne et le gouverneur général.

Comme son nom l’indique, il transporte un bâton noir ou, plus précisément, une canne d’ébène. Il s’agit d’un symbole d’autorité qui remonte à plus de 600 ans et qui est lié au Parlement britannique. Historiquement, l’huissier est le serviteur personnel et le messager du souverain (ou du gouverneur général) du Canada lorsqu’il se trouve au Parlement. Ses fonctions incluent notamment de gérer les activités du porteur de la masse, superviser l’équipe des pages du Sénat, mener le défilé du Président à l’ouverture de chaque séance du Sénat et inviter des députés au Sénat pour le discours du Trône ou pour la sanction royale d’un projet de loi — en frappant trois fois aux portes de la Chambre des communes avec la base du bâton. 

Le bâton noir actuel n’est pas le même que celui qui était utilisé à l’époque de la Confédération. Le bâton original aurait été fabriqué à Montréal dans les années 1840 pour l’Assemblée législative de la Province unie du Canada. Après la Confédération en 1867, il a été transféré au Sénat à Ottawa, mais a été détruit dans l’incendie qui a rasé l’édifice du Centre du Parlement en 1916.

Le bâton actuel a été fabriqué par Garrard & Co. Ltd., les joailliers de la Couronne de l’époque, à Londres. Il a connu des temps difficiles depuis sa création il y a un siècle. Il a été cassé en deux en 1967, recollé et réparé, d’abord avec du bouleau peinturé en noir, puis avec du bois de rose du Brésil (par le sénateur Henry Davies Hicks, un passionné de la menuiserie, dans son atelier en Nouvelle-Écosse). Le bâton a été égratigné, fendu et décoloré. Certaines pièces ont même disparu.

Bref, le bâton noir avait besoin d’être restauré. À l’été 2016, M. Peters a transporté le bâton noir au château de Windsor pour une restauration royale — un généreux cadeau au Sénat du Canada de la part de Sa Majesté la Reine du Canada à l’occasion du 150e anniversaire du Canada.

Sous la direction d’Adrian Smith, L.V.O., et des artisans du château de Windsor, une canne en ébène du 20e siècle, qui tire probablement ses origines de l’Afrique de l’Ouest, a été tournée à la main et recouverte d’une couche de cire dure noire après avoir été lissée avec un papier abrasif fin. De nouvelles épingles en laiton ont été installées. D’autres pièces ont été transférées de l’ancien au nouveau bâton, notamment la sphère et la croix de Malte du bâton noir, maintenant réparées.

Sa partie du milieu (voir photo) compte désormais une nouvelle gravure qui liera pour toujours le bâton noir au règne de la reine Elisabeth II.

Quelques autres différences entre le bâton noir du Canada et son équivalent britannique : celui du Royaume-Uni est décoré en or et présente des feuilles de chêne tandis que celui du Canada est décoré en argent et comprend des feuilles d’érable.

Le lion qui se trouve au bout du bâton noir se dresse sur ses pattes arrière et tient un bouclier décoré du monogramme royal.

Bien que le bâton noir britannique est décoré du monogramme du roi Édouard VII, le bâton noir canadien est décoré du monogramme du roi Georges V, soit le roi qui régnait à l’époque de sa conception en 1916.

Un souverain en or datant de 1904 a été gravé à la base du bâton noir. Celui-ci illustre Saint George en train de tuer un dragon. Le bâton noir utilisé dans la Chambre des lords britannique porte également un souverain en or de 1904.

Infographie de l'huissier du bâton noir

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