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La résilience des Canadiens d’origine chinoise : Sénatrice Dyck, Sénateur Oh et Sénateur Woo

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Alors que nous célébrons le 150e anniversaire de la Confédération du Canada, il ne faut pas oublier un autre anniversaire. Le 14 mai 2017 marque aussi le 70e anniversaire de l’abrogation de la Loi de l’immigration chinoise, la seule loi de l’histoire canadienne à empêcher un groupe ethnique en particulier d’entrer au Canada.

Aujourd’hui, environ 1,5 million de Canadiens d’origine chinoise vivent au Canada. Même si la plupart d’entre eux sont arrivés au cours des vingt dernières années, la première vague a fait son apparition au XIXe siècle. Les migrants chinois sont venus au Canada dans les années 1850 lors de la ruée vers l’or dans la vallée du bas Fraser, en Colombie-Britannique. Les prospecteurs chinois gagnaient peu d’argent car il leur était interdit de travailler dans les mines avant qu’elles ne soient abandonnées.

Une autre vague de migrants chinois est arrivée en 1881 et 1885 pour construire le chemin de fer du Canadien Pacifique. En plus de vivre dans un climat rigoureux, ils devaient exécuter les travaux les plus dangereux et exigeants qui consistaient entre autres à construire des ponts au-dessus de vallées et à creuser des tunnels dans des montagnes. Ces conditions de travail ont mené à 600 décès parmi les quelque 15 000 travailleurs chinois.

Une fois la construction du chemin de fer terminée en 1885, de nombreux travailleurs chinois sont demeurés au pays. Certains se sont dirigés vers la région des Prairies et vers l’est mais la plupart d’entre eux sont demeurés en Colombie-Britannique.

N’ayant plus besoin des travailleurs chinois, le gouvernement a passé des lois pour limiter et ensuite interdire l’immigration chinoise. En 1885, le gouvernement de Sir John A. Macdonald a adopté la Loi de l’immigration chinoise, qui imposait une taxe d’entrée de 50 $ (plus de 1 000 $ en dollars d’aujourd’hui) à tous les immigrants chinois.

La taxe d’entrée a appauvri et divisé des familles. La majorité des immigrants chinois étaient des hommes venus au pays pour se trouver du travail. La taxe d’entrée élevée les forçait à abandonner leur femme et leurs enfants. Les familles qui choisissaient de payer la taxe consacraient ensuite de nombreuses années à la rembourser.

Le 1er juillet 1923, le gouvernement fédéral a mis en œuvre la Loi de l’immigration chinoise, qui interdisait totalement l’immigration chinoise. D’autres politiques ont restreint leur droit de voter, d’occuper une charge publique ou de pratiquer le droit ou la médecine. Certaines municipalités en ont adopté d’autres. Par exemple, Vancouver a interdit aux Chinois de se baigner dans les piscines publiques.

Puisque la Loi de l’immigration chinoise est entrée en vigueur le jour de l’anniversaire de la Confédération, cette journée est devenue le « Jour de l’humiliation » pour les Canadiens d’origine chinoise. En guise de protestation, ceux-ci fermaient leurs commerces et boycottaient (en anglais seulement) la Fête du Dominion (ancienne désignation de la Fête du Canada) chaque 1er juillet jusqu’à ce que la loi soit abrogée. Cette communauté se sentait obligée de rejeter l’anniversaire du Canada.

La Loi de l’immigration chinoise n’a pas été abrogée par le gouvernement fédéral avant 1947, en grande partie grâce aux efforts d’activistes de partout au Canada, dont l’avocat Kew Doc Yip. La population était aussi généralement plus en faveur de l’abrogation à la suite de la contribution importante des Canadiens d’origine chinoise à la Deuxième Guerre mondiale. Des restrictions sur l’immigration chinoise et d’autres lois discriminatoires sont quand même demeurées en vigueur.

Le premier ministre William Lyon Mackenzie King a affirmé à la Chambre des communes cette année-là que le Canada avait le droit de déterminer les personnes « susceptibles de devenir des citoyens désirables. » « La migration massive en provenance de l’Orient allait profondément changer la composition de la population, » avait-il déclaré.

Cette mentalité a persisté pendant encore 20 ans. En 1967, le Canada a introduit une politique fondée sur un pointage offrant aux Chinois des chances égales d’immigrer au Canada. Les immigrants pouvaient alors présenter une demande en fonction de leur éducation et de leurs compétences. Dans les années 1980, l’immigration chinoise était à la hausse, redorant ainsi le statut des communautés chinoises de partout au pays.

Finalement, le 22 juin 2006, le gouvernement canadien, dirigé par le premier ministre Stephen Harper, a présenté des excuses officielles pour la Loi de l’immigration chinoise. Il s’agissait alors d’une étape importante dans le processus de réconciliation. On réaffirmait ainsi aux Canadiens d’origine chinoise qu’ils sont des membres à part entière et égaux de la société canadienne et que leurs contributions étaient précieuses pour le développement du Canada.


Lillian Eva Dyck, Victor Oh et Yuen Pau Woo sont des sénateurs canadiens d’origine chinoise.

Avis aux lecteurs : L’honorable Lillian Dyck a pris sa retraite du Sénat du Canada en août 2020. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

Alors que nous célébrons le 150e anniversaire de la Confédération du Canada, il ne faut pas oublier un autre anniversaire. Le 14 mai 2017 marque aussi le 70e anniversaire de l’abrogation de la Loi de l’immigration chinoise, la seule loi de l’histoire canadienne à empêcher un groupe ethnique en particulier d’entrer au Canada.

Aujourd’hui, environ 1,5 million de Canadiens d’origine chinoise vivent au Canada. Même si la plupart d’entre eux sont arrivés au cours des vingt dernières années, la première vague a fait son apparition au XIXe siècle. Les migrants chinois sont venus au Canada dans les années 1850 lors de la ruée vers l’or dans la vallée du bas Fraser, en Colombie-Britannique. Les prospecteurs chinois gagnaient peu d’argent car il leur était interdit de travailler dans les mines avant qu’elles ne soient abandonnées.

Une autre vague de migrants chinois est arrivée en 1881 et 1885 pour construire le chemin de fer du Canadien Pacifique. En plus de vivre dans un climat rigoureux, ils devaient exécuter les travaux les plus dangereux et exigeants qui consistaient entre autres à construire des ponts au-dessus de vallées et à creuser des tunnels dans des montagnes. Ces conditions de travail ont mené à 600 décès parmi les quelque 15 000 travailleurs chinois.

Une fois la construction du chemin de fer terminée en 1885, de nombreux travailleurs chinois sont demeurés au pays. Certains se sont dirigés vers la région des Prairies et vers l’est mais la plupart d’entre eux sont demeurés en Colombie-Britannique.

N’ayant plus besoin des travailleurs chinois, le gouvernement a passé des lois pour limiter et ensuite interdire l’immigration chinoise. En 1885, le gouvernement de Sir John A. Macdonald a adopté la Loi de l’immigration chinoise, qui imposait une taxe d’entrée de 50 $ (plus de 1 000 $ en dollars d’aujourd’hui) à tous les immigrants chinois.

La taxe d’entrée a appauvri et divisé des familles. La majorité des immigrants chinois étaient des hommes venus au pays pour se trouver du travail. La taxe d’entrée élevée les forçait à abandonner leur femme et leurs enfants. Les familles qui choisissaient de payer la taxe consacraient ensuite de nombreuses années à la rembourser.

Le 1er juillet 1923, le gouvernement fédéral a mis en œuvre la Loi de l’immigration chinoise, qui interdisait totalement l’immigration chinoise. D’autres politiques ont restreint leur droit de voter, d’occuper une charge publique ou de pratiquer le droit ou la médecine. Certaines municipalités en ont adopté d’autres. Par exemple, Vancouver a interdit aux Chinois de se baigner dans les piscines publiques.

Puisque la Loi de l’immigration chinoise est entrée en vigueur le jour de l’anniversaire de la Confédération, cette journée est devenue le « Jour de l’humiliation » pour les Canadiens d’origine chinoise. En guise de protestation, ceux-ci fermaient leurs commerces et boycottaient (en anglais seulement) la Fête du Dominion (ancienne désignation de la Fête du Canada) chaque 1er juillet jusqu’à ce que la loi soit abrogée. Cette communauté se sentait obligée de rejeter l’anniversaire du Canada.

La Loi de l’immigration chinoise n’a pas été abrogée par le gouvernement fédéral avant 1947, en grande partie grâce aux efforts d’activistes de partout au Canada, dont l’avocat Kew Doc Yip. La population était aussi généralement plus en faveur de l’abrogation à la suite de la contribution importante des Canadiens d’origine chinoise à la Deuxième Guerre mondiale. Des restrictions sur l’immigration chinoise et d’autres lois discriminatoires sont quand même demeurées en vigueur.

Le premier ministre William Lyon Mackenzie King a affirmé à la Chambre des communes cette année-là que le Canada avait le droit de déterminer les personnes « susceptibles de devenir des citoyens désirables. » « La migration massive en provenance de l’Orient allait profondément changer la composition de la population, » avait-il déclaré.

Cette mentalité a persisté pendant encore 20 ans. En 1967, le Canada a introduit une politique fondée sur un pointage offrant aux Chinois des chances égales d’immigrer au Canada. Les immigrants pouvaient alors présenter une demande en fonction de leur éducation et de leurs compétences. Dans les années 1980, l’immigration chinoise était à la hausse, redorant ainsi le statut des communautés chinoises de partout au pays.

Finalement, le 22 juin 2006, le gouvernement canadien, dirigé par le premier ministre Stephen Harper, a présenté des excuses officielles pour la Loi de l’immigration chinoise. Il s’agissait alors d’une étape importante dans le processus de réconciliation. On réaffirmait ainsi aux Canadiens d’origine chinoise qu’ils sont des membres à part entière et égaux de la société canadienne et que leurs contributions étaient précieuses pour le développement du Canada.


Lillian Eva Dyck, Victor Oh et Yuen Pau Woo sont des sénateurs canadiens d’origine chinoise.

Avis aux lecteurs : L’honorable Lillian Dyck a pris sa retraite du Sénat du Canada en août 2020. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

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