Planter les graines de demain pour la santé des sols : sénateur Black
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Pourquoi devrions‑nous nous soucier des sols? Il y en a amplement, et cela ne touche que les agriculteurs, n’est-ce pas?
Il s’agit peut-être de la première chose qui vous vient à l’esprit lorsqu’on évoque le sujet. La raison, c’est qu’on parle très peu des sols, qui sont pourtant l’une de nos ressources les plus précieuses. Et je suis déterminé à corriger cette situation.
Bien sûr, les sols sont importants pour les agriculteurs, mais ils sont tout aussi importants pour nous, car nous avons tous besoin de nous nourrir pour survivre. Si la dégradation des sols se poursuit au rythme actuel, nous ne pourrons pas assurer durablement notre production alimentaire. Il s’agit là d’une perspective qui devrait tous nous inquiéter.
En 2016, seulement 7 % des sols canadiens étaient jugés propices à l’agriculture. Il s’agit d’un taux dangereusement bas, d’autant plus que les sols ne sont pas une ressource renouvelable. De nombreuses pratiques agricoles du passé (et certaines ayant cours encore aujourd’hui) ont eu des effets dommageables sur nos sols; elles ont notamment entraîné une réduction de la quantité de matières organiques et un accroissement de l’érosion et de la salinisation.
Selon David Lobb, spécialiste des sols et professeur à l’Université du Manitoba, les coûts associés à la perte de production agricole qui découle de l’érosion des sols totalisaient 3 milliards de dollars en 2011. M. Lobb a indiqué que l’adoption de meilleures pratiques d’agriculture et de labourage ne permettrait de régler que la moitié du problème; nous devons également mettre en œuvre des stratégies plus rigoureuses afin d’accroître la quantité de matières organiques contenues dans les sols et de rétablir la capacité de production des sols touchés par l’érosion.
Si, à la lecture de cet article, vous constatez que vous n’avez pas beaucoup entendu parler de cet enjeu, sachez que vous n’êtes pas les seuls. La raison, c’est qu’il existe très peu de données sur les sols. Le gouvernement doit jouer un rôle de premier plan dans la collecte, l’analyse et la communication de données sur la productivité des sols pour que nous puissions établir un plan.
Le Canada peut compter sur divers spécialistes, chercheurs et autres intervenants qui s’intéressent aux sols. Certains d’entre eux s’inquiètent de la santé des sols depuis des décennies, et il est temps que nous les écoutions. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire fi de leurs opinions.
Des efforts ont été déployés pour favoriser la conservation des sols au cours des années 1980, mais depuis, cette idée est en quelque sorte restée en jachère.
De nombreux agriculteurs ont adopté des pratiques qui favorisent la santé des sols; par exemple, ils plantent des cultures de couverture pour que le sol demeure actif toute l’année. Toutefois, cela peut revenir cher à court terme, et ce sont bien souvent les facteurs économiques qui empêchent les agriculteurs d’adopter des méthodes durables. Les traditions et les perceptions non fondées sont également des facteurs qui nuisent au changement. Le gouvernement doit exercer un véritable leadership afin de mobiliser la population en faveur de la protection des sols.
Cette question est très étroitement liée aux changements climatiques. En effet, le dioxyde de carbone (CO2) qui s’échappe des sols est non seulement nuisible au sol lui-même, il ne disparaît pas par magie, il se retrouve dans l’atmosphère. Nous sommes en 2019, et il est grand temps de nous concentrer sur les sols, en adoptant des pratiques durables et écologiques.
Une chose est certaine : nous ne pouvons pas continuer avec l’approche du statu quo. Le gouvernement doit faire de la santé des sols une priorité; sinon, l’avenir de l’agriculture au Canada, et donc de la production et de la disponibilité alimentaires, s’annonce plutôt sombre.
Le sénateur Robert Black représente l’Ontario au Sénat.
Cet article a été publié le 14 octobre 2019 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).
Pourquoi devrions‑nous nous soucier des sols? Il y en a amplement, et cela ne touche que les agriculteurs, n’est-ce pas?
Il s’agit peut-être de la première chose qui vous vient à l’esprit lorsqu’on évoque le sujet. La raison, c’est qu’on parle très peu des sols, qui sont pourtant l’une de nos ressources les plus précieuses. Et je suis déterminé à corriger cette situation.
Bien sûr, les sols sont importants pour les agriculteurs, mais ils sont tout aussi importants pour nous, car nous avons tous besoin de nous nourrir pour survivre. Si la dégradation des sols se poursuit au rythme actuel, nous ne pourrons pas assurer durablement notre production alimentaire. Il s’agit là d’une perspective qui devrait tous nous inquiéter.
En 2016, seulement 7 % des sols canadiens étaient jugés propices à l’agriculture. Il s’agit d’un taux dangereusement bas, d’autant plus que les sols ne sont pas une ressource renouvelable. De nombreuses pratiques agricoles du passé (et certaines ayant cours encore aujourd’hui) ont eu des effets dommageables sur nos sols; elles ont notamment entraîné une réduction de la quantité de matières organiques et un accroissement de l’érosion et de la salinisation.
Selon David Lobb, spécialiste des sols et professeur à l’Université du Manitoba, les coûts associés à la perte de production agricole qui découle de l’érosion des sols totalisaient 3 milliards de dollars en 2011. M. Lobb a indiqué que l’adoption de meilleures pratiques d’agriculture et de labourage ne permettrait de régler que la moitié du problème; nous devons également mettre en œuvre des stratégies plus rigoureuses afin d’accroître la quantité de matières organiques contenues dans les sols et de rétablir la capacité de production des sols touchés par l’érosion.
Si, à la lecture de cet article, vous constatez que vous n’avez pas beaucoup entendu parler de cet enjeu, sachez que vous n’êtes pas les seuls. La raison, c’est qu’il existe très peu de données sur les sols. Le gouvernement doit jouer un rôle de premier plan dans la collecte, l’analyse et la communication de données sur la productivité des sols pour que nous puissions établir un plan.
Le Canada peut compter sur divers spécialistes, chercheurs et autres intervenants qui s’intéressent aux sols. Certains d’entre eux s’inquiètent de la santé des sols depuis des décennies, et il est temps que nous les écoutions. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire fi de leurs opinions.
Des efforts ont été déployés pour favoriser la conservation des sols au cours des années 1980, mais depuis, cette idée est en quelque sorte restée en jachère.
De nombreux agriculteurs ont adopté des pratiques qui favorisent la santé des sols; par exemple, ils plantent des cultures de couverture pour que le sol demeure actif toute l’année. Toutefois, cela peut revenir cher à court terme, et ce sont bien souvent les facteurs économiques qui empêchent les agriculteurs d’adopter des méthodes durables. Les traditions et les perceptions non fondées sont également des facteurs qui nuisent au changement. Le gouvernement doit exercer un véritable leadership afin de mobiliser la population en faveur de la protection des sols.
Cette question est très étroitement liée aux changements climatiques. En effet, le dioxyde de carbone (CO2) qui s’échappe des sols est non seulement nuisible au sol lui-même, il ne disparaît pas par magie, il se retrouve dans l’atmosphère. Nous sommes en 2019, et il est grand temps de nous concentrer sur les sols, en adoptant des pratiques durables et écologiques.
Une chose est certaine : nous ne pouvons pas continuer avec l’approche du statu quo. Le gouvernement doit faire de la santé des sols une priorité; sinon, l’avenir de l’agriculture au Canada, et donc de la production et de la disponibilité alimentaires, s’annonce plutôt sombre.
Le sénateur Robert Black représente l’Ontario au Sénat.
Cet article a été publié le 14 octobre 2019 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).