Aller au contenu

Trois voies vers la prospérité pour le Cap-Breton: sénateur Christmas

Étiquettes

Depuis des siècles, les Néo-Écossais travaillent d’arrache-pied pour bâtir une économie forte et pour avoir une bonne qualité de vie. À l’heure actuelle, nous avons une population de plus de 965 000 habitants. Nous avons toujours été riches en ressources naturelles, tout en cherchant à diversifier notre économie, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

En fait, en 2016, selon le rapport Metropolitan Outlook du Conference Board du Canada, sur 28 villes observées, Halifax était au nombre de celles qui connaissaient la plus forte croissance économique. La ville s’est classée parmi les 10 villes les plus favorables aux affaires d’Amérique du Nord. Sa croissance économique a été stimulée par des projets d’envergure dans la région atlantique totalisant 129 milliards de dollars, notamment dans les secteurs de la construction navale, de l’énergie et des nouveaux projets immobiliers.

Cependant, les nouvelles économiques ailleurs en Nouvelle-Écosse, et particulièrement sur l’île du Cap-Breton, sont loin d’être bonnes, et il est temps que nous abordions ce sujet.

J’ai partagé l’histoire du déclin de la population et de la contre-migration des jeunes, c’est-à-dire ceux qui choisissent de quitter l’île en raison du manque d’opportunités.

Il ne faut pas se faire d’illusions, notre île est en danger. Selon le rapport de la commission Ivany sur l’avenir économique de la Nouvelle-Écosse, notre population globale devrait diminuer au cours des 25 prochaines années.

Cependant, les données recueillies sur le Cap-Breton révèlent que nous sommes en déclin depuis un certain temps déjà et que la situation est pire que nous ne l’imaginions.

La triste réalité derrière ces chiffres est que le Cap-Breton (Unama’ki) meurt à petit feu. Face à cette situation, des discussions sérieuses ont été entamées avec de nombreux habitants de notre île au sujet de faire du Cap-Breton la 11e province du Canada, entre autres solutions.

J’ai eu la chance d’avoir trouvé deux organisations pour m’accompagner dans ce projet et pour aider à orienter les discussions – je suis particulièrement reconnaissant à l’égard des partenariats créés avec New Dawn Enterprises et l’Union des Indiens de la Nouvelle-Écosse, qui réunit les cinq chefs mi’kmaw du Cap-Breton.

Ces deux partenaires clés appuient ma démarche, partagent ma vision du rétablissement de notre prospérité, et m’invitent à envisager de nouveaux moyens de trouver une option différente, meilleure et innovatrice de gouverner notre île.

Depuis le lancement du dialogue il y a près de deux ans, les gens m’inondent de commentaires; de plus, j’ai reçu une couverture éditoriale considérable dans la presse et j’ai été témoin de la frénésie sur les médias sociaux. Il y a eu beaucoup de rétroaction positive et, selon moi, de bonnes critiques constructives ont été formulées.

Il semble que l’obtention du statut de province serait un inconvénient pour certains, qui le percevraient comme une perte de temps et d’énergie au détriment du développement économique, alors que d’autres font remarquer que d’un point de vue politique et constitutionnel, il serait difficile, voire carrément impossible d’y parvenir.

D’autres sont d’avis que le Cap-Breton ne pourrait exister sans la terre ferme, que nous ne pourrions pas survivre financièrement sans la province et que la province elle-même doit intensifier ses efforts en matière de développement économique au Cap-Breton.

À la lumière de ce qui précède, je propose une réflexion : pouvons-nous comparer l’île du Cap-Breton à une autre province de taille et de nature semblables à celle que je propose?

Je crois que nous devrions nous comparer à un équivalent approprié; l’exemple que je propose est celui de la province de l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.).

Les deux îles ont à peu près la même population; l’Î.-P.-É. compte 142 000 habitants et le Cap-Breton, 132 000. Sur le plan géographique, l’Î.-P.-É. est plus petite — l’île du Cap-Breton est environ deux fois plus grande qu’elle. Enfin, l’Î.-P.-É. est une province insulaire du Canada depuis 1873.

Depuis 2006, notre population diminue, tandis que celle de l’Î.-P.-É. augmente. Nous allons donc dans des directions opposées du point de vue démographique.

Il y a 12 ans, les données relatives à l’emploi montraient que l’Î.-P.-É. comptait 68 000 travailleurs, contre 55 100 au Cap-Breton. En 2016, le nombre d’emplois à l’Î.-P.-É. est passé à 71 500, tandis que celui du Cap-Breton a chuté considérablement, à 48 000. Encore une fois, nous allons dans des directions opposées en termes d’emploi. En fait, l’écart se creuse.

Effectuons quelques autres comparaisons : au cours de l’exercice financier 2015-2016, l’Agence de promotion économique du Canada atlantique a octroyé 29 millions de dollars à l’Î.-P.-É. et seulement 13 millions de dollars au Cap-Breton, ce qui représente tout un écart au chapitre des dépenses.

De plus, l’Î.-P.-É. a bénéficié d’investissements provinciaux. En 2016, Innovation Î.-P.-É. prévoyait engager des dépenses de 39,5 millions de dollars et Tourisme Î.-P.-É., des dépenses de 14 millions de dollars dans la province. Imaginez tout ce que nous pourrions réaliser au Cap-Breton si nous obtenions un tel investissement gouvernemental annuellement.

Compte tenu de tout cela, la question fondamentale que je me vois dans l’obligation de poser est la suivante : l’Î.-P.-É. est-elle prospère parce qu’elle a le contrôle de ses propres leviers économiques et financiers? Inversement, le Cap-Breton est-il en déclin parce que nous ne faisons pas preuve de leadership?

Je me sens comme si nous étions à bord d’un avion — d’Air Cap-Breton ou Air Unama’ki, par exemple — au cours duquel nous perdons rapidement de l’altitude; cependant, nous n’occupons pas le siège du pilote, mais bien celui des passagers.

J’estime que nous devons prendre le contrôle de notre propre avion avant qu’il s’écrase.

Comme je l’ai mentionné plus tôt, le statut de province n’est qu’une solution de rechange à envisager parmi d’autres. Nous pourrions devenir le quatrième territoire du Canada.

Une autre solution louable est l’adoption du système de gouvernement coopératif que partagent les cinq communautés mi’kmaw de notre île et leurs cinq municipalités, qui est un modèle fondé sur un traité. Il suffit de constater le succès socio-économique de Membertou ainsi que sa place dans l’économie du Cap-Breton pour voir l’intérêt d’imiter sa méthode de gouvernance dans l’ensemble de notre île.

Il serait tout à fait opportun d’examiner la manière dont nous sommes gouvernés et comment s’améliorer. Les engagements que nous prenons à l’égard de l’examen des options qui se présentent à nous devraient faire l’objet d’un dialogue politique aux niveaux régional, provincial et fédéral.

Il ne devrait toutefois pas s’agir d’un débat partisan. Le but n’est pas de gagner des votes. Il s’agit plutôt de la survie économique de notre île afin de bâtir un avenir viable pour nos jeunes.

À cette fin, nous accueillons favorablement toute participation — nous recherchons idées, créativité, passion et rigueur —que vous soyez un ancien ou actuel politicien, un universitaire, un journaliste, un étudiant ou un leader dans des forums de politiques publiques. Notre vision est de mettre sur pied une entreprise collaborative qui vise un consensus afin de déterminer la meilleure voie à suivre, quelle que soit l’importance du défi qu’elle impose.

À mesure que nous progressons, la prochaine étape que je propose serait de convoquer une conférence dans les mois ou les années à venir en vue d’offrir un forum de conversation approfondie sur les options relatives à l’avenir de notre île, un peu comme les colonies l’ont fait avant la Confédération.

Examinons les avantages et les inconvénients liés à l’obtention du statut de province, au fait de devenir le quatrième territoire et au fait d’adopter le modèle de gouvernance fondé sur le traité des Mi’kmaw. Parlons de l’histoire. Analysons notre économie. Étudions notre population et sa démographie. Soyons passionnés, tout en demeurant justes et objectifs dans nos délibérations.

Reconnaissons et respectons tous les points de vue. Accomplissons un travail acharné.

Puis, à partir de cela, décidons ensemble de la direction à prendre.


Le sénateur Dan Christmas représente la Nouvelle-Écosse au Sénat.

Une version de cet article a été publiée le 4 juillet 2019 dans le journal Cape Breton Post (en anglais seulement).

Avis aux lecteurs : L’honorable Doug Black a pris sa retraite du Sénat du Canada en janvier 2023. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

Depuis des siècles, les Néo-Écossais travaillent d’arrache-pied pour bâtir une économie forte et pour avoir une bonne qualité de vie. À l’heure actuelle, nous avons une population de plus de 965 000 habitants. Nous avons toujours été riches en ressources naturelles, tout en cherchant à diversifier notre économie, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

En fait, en 2016, selon le rapport Metropolitan Outlook du Conference Board du Canada, sur 28 villes observées, Halifax était au nombre de celles qui connaissaient la plus forte croissance économique. La ville s’est classée parmi les 10 villes les plus favorables aux affaires d’Amérique du Nord. Sa croissance économique a été stimulée par des projets d’envergure dans la région atlantique totalisant 129 milliards de dollars, notamment dans les secteurs de la construction navale, de l’énergie et des nouveaux projets immobiliers.

Cependant, les nouvelles économiques ailleurs en Nouvelle-Écosse, et particulièrement sur l’île du Cap-Breton, sont loin d’être bonnes, et il est temps que nous abordions ce sujet.

J’ai partagé l’histoire du déclin de la population et de la contre-migration des jeunes, c’est-à-dire ceux qui choisissent de quitter l’île en raison du manque d’opportunités.

Il ne faut pas se faire d’illusions, notre île est en danger. Selon le rapport de la commission Ivany sur l’avenir économique de la Nouvelle-Écosse, notre population globale devrait diminuer au cours des 25 prochaines années.

Cependant, les données recueillies sur le Cap-Breton révèlent que nous sommes en déclin depuis un certain temps déjà et que la situation est pire que nous ne l’imaginions.

La triste réalité derrière ces chiffres est que le Cap-Breton (Unama’ki) meurt à petit feu. Face à cette situation, des discussions sérieuses ont été entamées avec de nombreux habitants de notre île au sujet de faire du Cap-Breton la 11e province du Canada, entre autres solutions.

J’ai eu la chance d’avoir trouvé deux organisations pour m’accompagner dans ce projet et pour aider à orienter les discussions – je suis particulièrement reconnaissant à l’égard des partenariats créés avec New Dawn Enterprises et l’Union des Indiens de la Nouvelle-Écosse, qui réunit les cinq chefs mi’kmaw du Cap-Breton.

Ces deux partenaires clés appuient ma démarche, partagent ma vision du rétablissement de notre prospérité, et m’invitent à envisager de nouveaux moyens de trouver une option différente, meilleure et innovatrice de gouverner notre île.

Depuis le lancement du dialogue il y a près de deux ans, les gens m’inondent de commentaires; de plus, j’ai reçu une couverture éditoriale considérable dans la presse et j’ai été témoin de la frénésie sur les médias sociaux. Il y a eu beaucoup de rétroaction positive et, selon moi, de bonnes critiques constructives ont été formulées.

Il semble que l’obtention du statut de province serait un inconvénient pour certains, qui le percevraient comme une perte de temps et d’énergie au détriment du développement économique, alors que d’autres font remarquer que d’un point de vue politique et constitutionnel, il serait difficile, voire carrément impossible d’y parvenir.

D’autres sont d’avis que le Cap-Breton ne pourrait exister sans la terre ferme, que nous ne pourrions pas survivre financièrement sans la province et que la province elle-même doit intensifier ses efforts en matière de développement économique au Cap-Breton.

À la lumière de ce qui précède, je propose une réflexion : pouvons-nous comparer l’île du Cap-Breton à une autre province de taille et de nature semblables à celle que je propose?

Je crois que nous devrions nous comparer à un équivalent approprié; l’exemple que je propose est celui de la province de l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.).

Les deux îles ont à peu près la même population; l’Î.-P.-É. compte 142 000 habitants et le Cap-Breton, 132 000. Sur le plan géographique, l’Î.-P.-É. est plus petite — l’île du Cap-Breton est environ deux fois plus grande qu’elle. Enfin, l’Î.-P.-É. est une province insulaire du Canada depuis 1873.

Depuis 2006, notre population diminue, tandis que celle de l’Î.-P.-É. augmente. Nous allons donc dans des directions opposées du point de vue démographique.

Il y a 12 ans, les données relatives à l’emploi montraient que l’Î.-P.-É. comptait 68 000 travailleurs, contre 55 100 au Cap-Breton. En 2016, le nombre d’emplois à l’Î.-P.-É. est passé à 71 500, tandis que celui du Cap-Breton a chuté considérablement, à 48 000. Encore une fois, nous allons dans des directions opposées en termes d’emploi. En fait, l’écart se creuse.

Effectuons quelques autres comparaisons : au cours de l’exercice financier 2015-2016, l’Agence de promotion économique du Canada atlantique a octroyé 29 millions de dollars à l’Î.-P.-É. et seulement 13 millions de dollars au Cap-Breton, ce qui représente tout un écart au chapitre des dépenses.

De plus, l’Î.-P.-É. a bénéficié d’investissements provinciaux. En 2016, Innovation Î.-P.-É. prévoyait engager des dépenses de 39,5 millions de dollars et Tourisme Î.-P.-É., des dépenses de 14 millions de dollars dans la province. Imaginez tout ce que nous pourrions réaliser au Cap-Breton si nous obtenions un tel investissement gouvernemental annuellement.

Compte tenu de tout cela, la question fondamentale que je me vois dans l’obligation de poser est la suivante : l’Î.-P.-É. est-elle prospère parce qu’elle a le contrôle de ses propres leviers économiques et financiers? Inversement, le Cap-Breton est-il en déclin parce que nous ne faisons pas preuve de leadership?

Je me sens comme si nous étions à bord d’un avion — d’Air Cap-Breton ou Air Unama’ki, par exemple — au cours duquel nous perdons rapidement de l’altitude; cependant, nous n’occupons pas le siège du pilote, mais bien celui des passagers.

J’estime que nous devons prendre le contrôle de notre propre avion avant qu’il s’écrase.

Comme je l’ai mentionné plus tôt, le statut de province n’est qu’une solution de rechange à envisager parmi d’autres. Nous pourrions devenir le quatrième territoire du Canada.

Une autre solution louable est l’adoption du système de gouvernement coopératif que partagent les cinq communautés mi’kmaw de notre île et leurs cinq municipalités, qui est un modèle fondé sur un traité. Il suffit de constater le succès socio-économique de Membertou ainsi que sa place dans l’économie du Cap-Breton pour voir l’intérêt d’imiter sa méthode de gouvernance dans l’ensemble de notre île.

Il serait tout à fait opportun d’examiner la manière dont nous sommes gouvernés et comment s’améliorer. Les engagements que nous prenons à l’égard de l’examen des options qui se présentent à nous devraient faire l’objet d’un dialogue politique aux niveaux régional, provincial et fédéral.

Il ne devrait toutefois pas s’agir d’un débat partisan. Le but n’est pas de gagner des votes. Il s’agit plutôt de la survie économique de notre île afin de bâtir un avenir viable pour nos jeunes.

À cette fin, nous accueillons favorablement toute participation — nous recherchons idées, créativité, passion et rigueur —que vous soyez un ancien ou actuel politicien, un universitaire, un journaliste, un étudiant ou un leader dans des forums de politiques publiques. Notre vision est de mettre sur pied une entreprise collaborative qui vise un consensus afin de déterminer la meilleure voie à suivre, quelle que soit l’importance du défi qu’elle impose.

À mesure que nous progressons, la prochaine étape que je propose serait de convoquer une conférence dans les mois ou les années à venir en vue d’offrir un forum de conversation approfondie sur les options relatives à l’avenir de notre île, un peu comme les colonies l’ont fait avant la Confédération.

Examinons les avantages et les inconvénients liés à l’obtention du statut de province, au fait de devenir le quatrième territoire et au fait d’adopter le modèle de gouvernance fondé sur le traité des Mi’kmaw. Parlons de l’histoire. Analysons notre économie. Étudions notre population et sa démographie. Soyons passionnés, tout en demeurant justes et objectifs dans nos délibérations.

Reconnaissons et respectons tous les points de vue. Accomplissons un travail acharné.

Puis, à partir de cela, décidons ensemble de la direction à prendre.


Le sénateur Dan Christmas représente la Nouvelle-Écosse au Sénat.

Une version de cet article a été publiée le 4 juillet 2019 dans le journal Cape Breton Post (en anglais seulement).

Avis aux lecteurs : L’honorable Doug Black a pris sa retraite du Sénat du Canada en janvier 2023. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.

Étiquettes

Encore plus sur SenCA+

Haut de page